Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome IV, 1 (éd. Robin).djvu/63

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NOTICE

l’essence intelligible de l’Âme y importe en même temps l’attribut « vivant », dont l’essence est nécessairement liée à celle de l’Âme. D’autre part l’Idée de vivant a un contraire déterminé, qui est Mort. De ce qu’on a déjà dit (cf. 104 e sq.) il suit donc que, en important nécessairement dans ce qui en participe le contraire déterminé qu’elle possède, l’Âme ne peut y accueillir le contraire de ce contraire, c’est-à-dire la Mort. C’est donc qu’elle l’exclut, et, de même que, tout à l’heure (cf. 104 e), ce qui n’avait pas de part au Pair et qui l’excluait était appelé non-pair, de l’âme on dira qu’elle est non-mortelle (105 b-e).

Admettons à présent, par hypothèse, que l’indestructibilité soit une propriété nécessaire de chacun des attributs négatifs ou privatifs que l’on a pu examiner avant d’en arriver au cas de l’âme : le Non-pair, le Non-chaud, le Non-froid. La conséquence en serait que le trois, la neige, le feu, sujets auxquels sont nécessairement liés ces attributs privatifs, seraient eux-mêmes indestructibles. Autrement dit, à l’approche du Pair, ou du Chaud, ou du Froid, ces sujets se retireraient devant l’ennemi qui les menace, ils battraient en retraite et céderaient la place aux sujets auxquels est lié le contraire de leur propre contraire ; mais ils ne périraient pas. On aurait alors la première solution de l’alternative qui exprime l’impossibilité, soit pour un contraire de devenir son propre contraire, soit pour le sujet nécessaire, sensible ou intelligible, d’un contraire de recevoir le contraire de son contraire essentiel (cf. 102 e sq. ; 103 c, d ; 104 e-105 b). Cette solution serait donc celle qui s’applique au cas du Non-mortel. Par conséquent à l’approche de la mort l’âme ne serait pas détruite (105 e-106 b).

Mais l’hypothèse est fausse dans sa généralité : entre le cas du Non-mortel et les cas parallèles il y a en effet une grande différence ; l’existence sensible du pair ou de l’impair, du chaud ou du froid n’est pas indestructible, et rien n’empêche que chaque contraire ne vienne abolir l’existence de l’autre contraire dans le sujet dont celui-ci est l’attribut. Mais alors ce sont les sujets mêmes, deux ou trois, feu ou neige, qui sont à leur tour détruits. Avec eux nous n’avons donc pas affaire à la première solution de l’alternative, mais à la seconde, à celle où le sujet s’anéantit, parce que son attribut nécessaire est lui-même détruit par l’attribut contraire qui est partie