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EUTHYDÈME

désigner expressément. Elle ne donne pas davantage le droit de supposer[1] que l’auteur de l’Euthydème, en lui faisant enseigner l’éristique, lui ait prêté une physionomie fantaisiste.


Les Mégariques.

Si, par le caractère varié de leurs connaissances, Euthydème et Dionysodore rappelaient autrefois Hippias, en tant qu’éristiques, et tels que Platon les présente, ils se rapprochent des Éléates[2] et des Mégariques. On peut admettre qu’Euthydème était un sophiste influent[3], et auteur de l’ouvrage auquel Platon a emprunté les thèses paradoxales de son dialogue[4]. Il est probable néanmoins qu’un certain nombre de ces sophismes ont été imaginés par Platon, ou qu’ils étaient alors d’un emploi courant parmi les éristiques[5]. Au reste, tout en les visant personnellement, Platon paraît attaquer sous leur nom d’autres adversaires. Il lui arrive de signaler que le sophisme sur l’impossibilité de contredire était déjà fort utilisé dans l’entourage de Protagoras, et plus anciennement encore (286 c). Mais, à en juger par le dialogue qui porte son nom, Protagoras avait une manière tout à fait différente de celle des deux éristiques : il procédait par discours suivis. Euthydème et Dionysodore se séparent profondément de cette ancienne génération de sophistes. Leur méthode qui, sou-

    sodore n’est autre que Lysias. Lysias avait un frère du nom d’Euthydème ; il s’était avec lui rendu à Thurium, et, après avoir enseigné quelque temps la rhétorique, il avait pris le métier de logographe (cf. Euthyd., 272 a). — Mais la famille de Lysias était originaire de Syracuse, non de Chios ; à l’époque où se place l’entretien de l’Euthydème (avant 404, voir p. 139), le qualificatif de vieillard, donné à Dionysodore, ne convient pas à Lysias, né vers 440.

  1. Comme l’a fait Welcker.
  2. À l’exemple de Parménide, ils soutiennent que le non-être (τὸ μὴ ὄν, τὰ μὴ ὄντα) ne peut jamais être objet de pensée, ni de parole, ni d’action (284 b, 286 a ; cf. Soph., 287 b-238 d).
  3. U. von Wilamowitz-Moellendorff, Platon, II, p. 155. Mais il serait téméraire d’en faire avec Winckelmann (Proleg., p. xxvi) une certitude.
  4. Wilamowitz, id.
  5. Dans le traité rappelé plus haut, Aristote ne nomme qu’une fois Euthydème et à propos d’un sophisme qui ne figure pas dans le dialogue de Platon (cf. Bonitz, o. l., p. 134).