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ION

[ou sur l’Iliade, genre probatoire.]


SOCRATE.  ION

Préambule.
Présentation du personnage d’Ion.

Socrate. — 530 À Ion salut ! D’où viens-tu aujourd’hui dans notre pays ? Est-ce de chez toi, d’Éphèse ?

Ion. — Nullement, Socrate, mais d’Épidaure. Je viens des fêtes d’Asclépios[1].

Socrate. — Serait-ce qu’ils organisent aussi un concours de rhapsodes en l’honneur du dieu, les gens d’Épidaure ?

Ion. — Parfaitement, et même de tous les autres arts des Muses.

Socrate. — Et alors, prenais-tu quelque part au concours ? Et comment as-tu concouru ?

Ion. — Les premiers prix ont été pour nous, b Socrate.

Socrate. — À la bonne heure ! Tâchons donc d’être vainqueurs aussi aux Panathénées.

Ion. — Mais il en sera ainsi, s’il plaît à Dieu.

Socrate. — Ma parole, je vous ai plus d’une fois, Ion, envié votre art, à vous autres rhapsodes ! Vous êtes tenus par votre art d’être toujours parés sur votre personne, et de vous montrer aussi beaux que possible ; en même temps, c’est pour vous une nécessité de vivre dans la compagnie d’une foule de bons poètes, surtout dans celle d’Homère, le meilleur et le plus divin de tous, et de connaître à fond sa pensée c et non seulement ses vers : sort enviable ! Car on ne saurait être

  1. Les Μεγάλα Ἀσκλαπίεια se célébraient tous les quatre ans. La fête, qui durait au moins trois jours, se plaçait entre la fin d’avril et le début de juillet (Defrasse et Lechat, Épidaure, p. 233).