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NOTICE


Il n’est pas un dialogue de Platon qui ait suscité chez les modernes plus de discussions que le Cratyle. Dans ses analyses parues entre 1891 et 1901, H. Kirchner[1] passait en revue trente-deux études consacrées à cet ouvrage, et depuis lors ce nombre a continué de s’accroître. Quel est le but du Cratyle ? Quelle opinion l’auteur y exprime-t-il sur l’origine du langage ? Contre quelles écoles ou quelles personnes est dirigée sa polémique ? Dans quelle mesure la plaisanterie s’y mêle-t-elle au sérieux ? Autant de questions sur lesquelles les commentateurs n’ont cessé de se diviser. C’est assez dire qu’en ajoutant à cette longue liste un nouvel essai d’interprétation, on ne prétend point donner une solution définitive des problèmes soulevés par le Cratyle. Du moins paraît-il possible d’atteindre sur un certain nombre de points, par un examen attentif de la marche du dialogue, à des conclusions vraisemblables[2].

I

ANALYSE DU DIALOGUE

Préambule. Exposé du problème.
(383 a-384 e).

Le dialogue met en scène trois personnages, Hermogène, Cratyle et Socrate. Il s’ouvre brusquement : Hermogène, en discussion avec Cratyle, lui propose de faire part de leur entretien à Socrate, qui vient d’arriver. De

  1. Die verschiedenen Auffassungen des platonischen Dialogs Kratylus. Progr. Brieg, 1891/2, 1892/3, 1896/7, 1900/01.
  2. Nous avons tiré un profit tout particulier du travail pénétrant et vigoureux, bien qu’un peu systématique, de F. Horn, Platonstudien, Neue Folge, Wien, 1904, p. 1 et suiv.