Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
XI
INTRODUCTION

s’aperçoit que ce qui précède n’était qu’un prélude. À la fin du Livre IV, ayant défini la justice dans la cité et dans l’individu, Socrate s’apprêtait à traiter de l’injustice et des formes défectueuses de gouvernement, quand ses interlocuteurs le pressent de s’expliquer tout au long sur la communauté des femmes, à laquelle il a fait une allusion passagère. Au début du Livre VIII, il résume les traits de la cité parfaite et revient expressément au point où la discussion avait été rompue, en reprenant l’examen des constitutions imparfaites. Au début du Livre X, il jette un regard de complaisance sur la cité idéale dont il vient de tracer le plan, et s’arrête à justifier la rigueur avec laquelle il en a banni les poètes. Le texte de notre dialogue se partage donc en cinq masses distinctes : Livre I ; Livres II à IV ; Livres V à VII ; Livres VIII et IX ; Livre X. Ces cinq masses ont entre elles, en gros, les proportions suivantes : 1, 3, 3, 2, 1.

Livre I :  1 185 lignes[1]
Livres II-IV :  3 432
V-VII :  3 416
VIII-IX :  1 902
Livre X :  1 082.

Or, ces partages correspondent bien aux grandes divisions logiques. Le sujet du dialogue est parfaitement indiqué par le titre et le sous-titre : La République ou de la Justice. La justice, vertu éminemment sociale, se manifeste au mieux dans un certain ordre établi entre les éléments ou individus qui composent la cité ; mais cet ordre ne saurait exister s’il n’a ses racines dans les dispositions intérieures des individus. La justice, suprême idéal de la conscience, est, contre le scandale et la tyrannie d’une société mauvaise, le suprême refuge de l’individu, la source de son bonheur en ce monde

    (Rev. d’Hist. d. Philos., 1930, p. 309-353, et 1931, p. 97-108) ; G. Méautis, Sur une phrase de Platon (Rev. de Philologie, 1931, p. 97-103).

  1. J’ai compté les lignes non d’après l’édition Teubner ou Didot, mais d’après l’édition Tauchnitz, qui ne contient pas d’alinéas et donne ainsi partout des lignes sensiblement égales. Qu’on me pardonne ce pédantisme : un compte exact est utile, nous le verrons, pour apprécier les proportions des rôles ; il l’est autant pour apprécier les proportions des divisions logiques.