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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/250

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353 c
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LA RÉPUBLIQUE

je demande, mais si les êtres chargés d’une fonction la remplissent bien par leur vertu propre, mal par le vice contraire.

Cela est certain, répondit-il.

Ainsi donc les oreilles aussi privées de leur vertu propre feront mal leur fonction ?

Certainement.

dLa même observation ne s’applique-t-elle pas à toutes les autres choses ?

C’est mon avis.


La fonction
de l’âme
est de gouverner,
et sa vertu,
la justice.

Allons ! maintenant examinons ceci. L’âme n’a-t-elle pas une fonction, qu’aucune autre chose au monde ne peut remplir, comme diriger, commander, délibérer et toutes les choses du même genre[1] ? A-t-on droit d’attribuer ces fonctions à autre chose qu’à l’âme, et ne faut-il pas dire qu’elles lui sont propres ?

On ne peut les attribuer qu’à l’âme.

Et la vie, à son tour, ne la reconnaîtrons-nous pas comme une fonction de l’âme ?

Si, assurément, dit-il.

Ne soutiendrons-nous pas que l’âme aussi a sa vertu particulière ?

Nous le soutiendrons.

eEst-ce que l’âme s’acquittera jamais bien de ses fonctions, Thrasymaque, si elle est privée de la vertu qui lui est propre, ou est-ce impossible ?

C’est impossible.

C’est donc une nécessité qu’une âme méchante gouverne et dirige mal, que la bonne au contraire s’acquitte bien de tout cela.

C’est une nécessité.

Ne sommes-nous pas tombés d’accord que la justice est une vertu, et l’injustice un vice de l’âme ?

Nous en sommes tombés d’accord en effet.

  1. Que l’âme, et en particulier l’intelligence, ait pour fonction de gouverner, de surveiller, c’est une idée qui revient sans cesse dans Platon. C’est sur cette doctrine qu’il fonde la sujétion du corps à l’âme dans le Phédon 80 A, 94 B et dans l’Alcib. I 130 A.