Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
397 e
110
LA RÉPUBLIQUE

en même temps que laboureur, et l’homme de guerre, homme de guerre et non commerçant en même temps qu’homme de guerre, et ainsi de tous.

C’est vrai, dit-il.


Le poète imitateur
sera renvoyé
de notre État.

398Il semble donc que, si un homme habile à prendre toutes les formes et à tout imiter se présentait dans notre État pour se produire en public et jouer ses poèmes, nous lui rendrions hommage comme à un être sacré, merveilleux, ravissant ; mais nous lui dirions qu’il n’y a pas d’homme comme lui dans notre État et qu’il ne peut y en avoir, et nous l’enverrions dans un autre État, après avoir répandu des parfums sur sa tête et l’avoir couronné de bandelettes[1]. Pour nous, il nous faut un poète et un conteur plus austère bet moins agréable, mais utile à notre dessein, qui n’imiterait pour nous que le ton de l’honnête homme et conformerait son langage aux formes que nous avons prescrites dès l’origine, en dressant un plan d’éducation pour nos guerriers.

Oui, dit-il, c’est ce que nous ferions, si l’on s’en rapportait à nous.

Maintenant, mon ami, repris-je, il me semble que nous avons épuisé la partie de la musique relative aux discours et aux fables ; car nous avons traité et de la matière et de la forme.

Il me le semble à moi aussi, dit-il.


La mélodie.

cX  Il nous reste donc encore à traiter, repris-je, du caractère du chant et de la mélodie.

Sans aucun doute.

Or tout le monde est capable, n’est-ce pas ? de trouver immédiatement ce qu’il faut en dire et ce qu’ils doivent être, pour être conformes aux règles que nous avons posées d’abord.

Là-dessus Glaucon se mit à rire et dit : « Pour moi, Socrate, je risque de demeurer en dehors de ce a tout le

  1. Le poète, étant inspiré par les dieux, est traité comme eux. C’était l’usage, en effet, d’oindre les statues des dieux et de les couronner de guirlandes.