Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
398 c
111
LA RÉPUBLIQUE

monde » : je ne suis pas de force à inférer sur le champ ce que doivent être ces deux choses, quoique j’en devine quelque chose.

En tout cas, repris-je, voici un premier point sur lequel tu es de force à répondre : dc’est que la mélodie se compose de trois éléments : les paroles, l’harmonie et le rythme[1].

Pour cela, oui, dit-il.

Entre les paroles qui sont mises en musique et celles qui sont simplement parlées il n’y a pas de différence, puisqu’elles doivent êtres conçues suivant les règles que nous avons déterminées tout à l’heure, et dans la même forme de diction.

C’est vrai, dit-il.

Pour l’harmonie et le rythme, ils doivent s’accommoder aux paroles.

Sans doute.

Mais nous avons dit que les plaintes et les lamentations n’avaient pas de place en nos discours.

Aucune place, en effet.

eQuelles sont donc les harmonies plaintives ? dis-le moi, puisque tu es musicien.

C’est la lydienne mixte, dit-il, la lydienne aiguë, et quelques autres semblables.

Eh bien, ces harmonies-là ne doivent-elles pas être rejetées ? Elles sont pernicieuses même pour les femmes, que le devoir oblige à une tenue convenable, et à plus forte raison pour les hommes.

Je suis tout à fait de cet avis.

Il faut dire aussi que rien ne messied plus aux gardiens que l’ivresse, la mollesse et la paresse.

Sans contredit.

Et quelles sont les harmonies qui sont molles et faites pour les buveurs ?

Il y a, dit-il, une sorte d’harmonie ionienne et une de lydienne qu’on appelle lâches.

399Et bien ! mon ami, vois-tu quel usage on peut en faire pour des guerriers ?

  1. Le rythme est formé d’une séquence de notes et de syllabes brèves ou longues. L’harmonie résulte d’un arrangement de notes hautes et de notes basses, mais dans l’usage ordinaire le mot harmo-