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LA RÉPUBLIQUE

Rien n’est plus vrai, dit-il.


XVII  Donc, repris-je, le juge qu’il nous faut chercher, le juge bon et sage, ne sera pas cet homme, mais l’autre ; car la méchanceté ne saurait à la fois se connaître elle-même et la vertu, tandis que la vertu, aidée par l’éducation qui éclaire la nature, earrivera avec le temps à connaître à la fois elle-même et le vice ; dès lors, selon moi, c’est à l’homme vertueux, non au méchant qu’il appartient de devenir habile.

C’est aussi mon avis, dit-il.

Ainsi donc tu établiras dans l’État une médecine telle que nous l’avons définie, avec une judicature formée comme je l’ai dit, 410pour s’occuper des citoyens qui sont bien constitués de corps et d’âme ; quant aux autres, on laissera mourir ceux dont le corps est mal constitué[1], et les citoyens feront périr eux-mêmes ceux qui ont l’âme naturellement perverse et incorrigible.

C’est évidemment, dit-il, ce qu’il y a de mieux à faire et pour ces malheureux et pour l’État.

Quant aux jeunes gens, repris-je, il est évident qu’ils se garderont de se mettre dans le cas d’avoir besoin des juges, s’ils sont élevés dans cette musique simple, qui, disions-nous, fait naître la tempérance.

Sans doute, dit-il.

bEst-ce qu’en suivant les mêmes principes, le musicien qui s’adonne à la gymnastique, n’arrivera pas, s’il le veut, à se passer de la médecine, hors les cas de nécessité ?

Je le crois.


La gymnastique
doit développer
la force morale
plutôt que
la force physique.

Dans ses exercices mêmes et dans ses travaux, il aura en vue de développer en lui la force morale plutôt que la force physique, et il n’imitera pas les autres athlètes, dont le régime et les travaux n’ont en vue que la vigueur du corps.

  1. Platon parle ici en législateur qui trace pour la médecine et la justice des règles générales pour la conservation ou la suppression de certains citoyens. Pausanias disait de même que le meilleur médecin était celui qui ne gâte pas les valétudinaires, mais qui les enterre le plus vite (Plut., Apophth. Lac. 231 A).