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INTRODUCTION

de la Cyropédie en particulier, les distances entre les critiques sont très grandes : un peu après 382 ou un peu après 360 sont les hypothèses extrêmes, un peu après 369 l’hypothèse moyenne[1]. Une telle incertitude devrait rendre plus facile une attitude impartiale, sur cette question des duo fere libri de la République : elle ne rend pas plus facile une réponse décisive. En tout cas, par lui seul, le texte d’Aulu-Gelle ne milite qu’en faveur d’une publication échelonnée de la République actuelle. Prétendre que les duo fere libri sont notre Livre I serait vain. Mais Hirmer a montré, par son tableau des citations de l’Antiatticiste[2], que, dans la division antique en six livres, la coupure entre le deuxième et le troisième Livre se faisait après la page 411, avant la page 422 Estienne. Les deux premiers Livres de cette division en six correspondaient donc à nos trois premiers actuels. Pouvaient-ils, étant publiés d’abord, inciter Xénophon à composer un plan de « gouvernement royal » qui fût opposé au gouvernement idéal de Platon et, pour cela, décrivît « l’éducation de

  1. Cf. St. Witkowski, Historiografja Grecka (II, Krakow, 1926, p. 169), qui se décide pour environ 362 d’après Meyer (III, 8), Schwartz (Fünf Vorträge über den griechischen Roman, p. 67 et suiv.), Mahaffy, etc. La date moyenne (avant 367) est soutenue par W. Schmid, Gr. Lit., I6, p. 518. Erwin Scharr (Xenophon Staats und Gesellschaftsideal u. seine Zeit, 1919, p. 40, n. 78) dit : « La finale sûrement pas avant 362, le corps de l’œuvre sûrement après 369 ». Si, avec W. Gemoll (Phil. Woch., 1929, p. 277), on date l’Anabase du séjour à Scyllonte (avant 380, puisqu’Isocrate la cite dans son Panégyrique, cf. A. Kappelmacher ap. P. Masqueray, tome I, Paris, 1980, p. 8) et la Cyropédie des premières années qui suivent (la vraie langue écrite de Xénophon est celle de l’Anabase et de la Cyropédie, L. Gautier, La langue de Xénophon, p. 286), on rejoindra ainsi la date que donnait déjà Ralinka dans Zeitschr. f. öster. Gymn., 1905, p. 402 : après 379.
  2. J. Hirmer, Entstehung u. Komposition der plat. Politeia, Appendice I, d’après Bekker, Anecd., p. 75-116. Le mot ἀκράχολος (III, 411 c) est cité comme étant du second Livre, et μειζόνως (IV, 422 e) comme étant du troisième. Ces deux mots (μειζόνως au sens de μεῖζον) sont des ἅπαξ εἰρημένα. — C’est C. Ritter qui a supposé (Platon, I, 1910, p. 278) que la tradition mal comprise par A. Gelle se rapportait au Livre I. Il regarde d’ailleurs (ib., n. 2) la vieille division en six livres retrouvée par Hirmer comme inutile pour l’explication du témoignage d’Aulu-Gelle.