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LA RÉPUBLIQUE IV

Celle dont j’ai parlé plus haut, dis-je, en a moins encore ; je veux dire le devoir de renvoyer dans les autres classes les enfants dégénérés des gardiens det d’élever au rang de gardiens les rejetons de qualité qui peuvent sortir des autres classes. Je voulais faire entendre par là que les magistrats doivent appliquer les autres citoyens à la tâche pour laquelle ils sont faits, un seul à une seule tâche, afin que chacun, occupé à l’unique emploi qui lui est propre, reste un, au lieu de se diviser en plusieurs et que par là l’État tout entier reste un aussi, au lieu de devenir multiple.

En effet, dit-il, cette prescription a moins d’importance que l’autre.


Les bons
règlements
dépendent de la
bonté
de l’éducation.

Assurément, mon bon Adimante, repris-je, ces nombreux règlements que nous faisons ne sont pas, comme on pourrait le croire, ede première importance ; on peut les négliger tous, pourvu qu’on observe ce qu’on appelle la grande et unique prescription, ou, à parler plus exactement, la prescription suffisante.

Quelle est-elle ? demanda-t-il.

L’instruction et l’éducation, répondis-je ; car, si une bonne éducation éclaire leur esprit, nos citoyens débrouilleront facilement toutes ces questions et d’autres que nous laissons de côté pour le moment, comme celles qui regardent la possession des femmes, le mariage, la procréation des enfants, toutes choses qui, 424selon le proverbe, doivent être le plus possible communes entre amis[1].

C’est très juste, dit-il.

Il est certain, dis-je, qu’une cité qui a bien commencé va s’agrandissant comme un cercle. Une éducation et une instruction maintenues dans leur perfection forment de bons naturels ; à leur tour ces bons naturels, s’attachant à cette éducation parfaite, deviennent encore meilleurs que leurs devanciers sous tous les rapports et particulièrement pour la procréation, bcomme il arrive aussi chez les animaux.

C’est vraisemblable, dit-il.

  1. Voici la première mention de la communauté des femmes et des enfants. Ce n’est ici qu’une amorce, et la question sera reprise