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LA RÉPUBLIQUE VII

bÀ quel âge ? demanda-t-il.

À l’âge, répondis-je, où les enfants quittent le cours obligatoire de gymnastique ; car tout ce temps, qui dure de deux à trois années[1], il leur est impossible de faire autre chose, parce que la fatigue et le sommeil sont ennemis de l’étude. Ce cours est d’ailleurs aussi une épreuve des plus importantes pour savoir la valeur de chacun d’eux dans les travaux gymniques.

Assurément, dit-il.

Après ce temps, continuai-je, on fera un choix parmi les jeunes gens parvenus à la vingtième année, et ceux qu’on aura choisis obtiendront cdes distinctions plus honorables que les autres, et on leur présentera dans leur coordination les sciences qui leur ont été enseignées pêle-mêle dans leur enfance, afin qu’ils embrassent d’un coup d’œil à la fois les rapports que les sciences ont entre elles, et la nature de l’être.

Il est certain, dit-il, qu’une telle méthode est la seule qui fixe solidement les connaissances dans les esprits.

Et c’est aussi, ajoutai-je, la meilleure épreuve pour distinguer les esprits propres à la dialectique de ceux qui ne le sont pas : celui qui est capable d’une vue d’ensemble est dialecticien ; les autres ne le sont pas.

Je pense comme toi, dit-il.

C’est donc, repris-je, un examen que tu devras faire, et quand tu auras reconnu dparmi eux ceux qui, avec les meilleures dispositions pour la dialectique, sont solides dans les sciences et solides à la guerre et dans les autres exercices prescrits par la loi, tu devras, quand ils dépasseront la trentième année, les tirer à leur tour du nombre des jeunes gens déjà choisis, les élever à de plus grands honneurs et rechercher, en les éprouvant par la dialectique, quels sont ceux qui sont capables, sans l’aide des yeux ou de tout autre sens, de s’élever par la force de la vérité jusqu’à l’être même ; et c’est ici, mon ami, qu’il faut apporter les plus grandes précautions.

Pourquoi ? demanda-t-il.

  1. On sait que la jeunesse athénienne servait de dix-neuf à vingt ans à la garde de la ville et des remparts. Platon, semble-t-il, s’inspire ici de cette institution.