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LA RÉPUBLIQUE IV

elle pas dans une clarté parfaite, s’il est vrai que nous connaissons la nature de l’injustice et de la justice ?

Comment cela ?


La justice
est la santé de l’âme,
l’injustice
en est la maladie.

C’est que, repris-je, elles sont exactement semblables aux choses saines et aux choses malsaines et qu’elles sont dans l’âme ce que celles-ci sont dans le corps.

Comment ? demanda-t-il.

Les choses saines engendrent la santé, les malsaines, la maladie.

Oui.

dDe même les actions justes engendrent la justice, les actions injustes, l’injustice.

C’est forcé.

Engendrer la santé, c’est établir entre les éléments du corps une hiérarchie qui les subordonne les uns aux autres conformément à la nature[1] ; au contraire engendrer la maladie, c’est établir une hiérarchie qui les subordonne les uns aux autres contrairement à l’ordre naturel.

En effet.

De même, repris-je, engendrer la justice, c’est établir entre les parties de l’âme une hiérarchie qui les subordonne les unes aux autres conformément à la nature ; au contraire engendrer l’injustice, c’est établir une hiérarchie qui les subordonne les unes aux autres contrairement à l’ordre naturel.

C’est exactement cela, dit-il.

La vertu est donc, en quelque sorte, semble-t-il, la santé, la beauté, ele bon état de l’âme, et le vice en est la maladie, la laideur et la faiblesse.

C’est vrai.

Or les occupations honnêtes ne contribuent-elles pas à faire naître la vertu, et les malhonnêtes, le vice ?

Forcément.

  1. Ici et dans le Timée 82 A sqq., Platon adopte la théorie d’Hippocrate sur l’origine de la maladie, De nat. hom. VI, p. 40 c. 4 Littré : « Le corps est en bonne santé quand ces choses (le sang, l’humeur, la bile blonde ou noire) sont entre elles dans de justes proportions