Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 2.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
558 c
28
LA RÉPUBLIQUE VIII

Tu n’avances rien, dit-il, que tout le monde ne connaisse.


L’homme démocratique.

XII  Considère maintenant, repris-je, ce qu’est l’individu du même modèle, ou plutôt ne faut-il pas, comme nous l’avons fait pour le gouvernement, examiner d’abord comment il se forme ?

Si, dit-il.

N’est-ce pas ainsi ? Cet oligarque ménager a, je suppose, un fils, nourri sous la direction det dans les sentiments de son père.

C’est possible.

Comme son père, il maîtrise par la force les appétits de plaisir qu’il sent en lui, qui le poussent à la dépense, mais sont ennemis de l’épargne, et qui sont justement ce qu’on appelle des désirs superflus.

Évidemment, dit-il.


Désirs nécessaires
et désirs superflus.

Veux-tu, repris-je, que, pour éclairer notre discussion, nous commencions par définir les désirs nécessaires et les désirs superflus ?[1]

Je le veux bien, répondit-il. N’est-il pas juste d’appeler nécessaires ceux que nous ne pouvons pas rejeter eet tous ceux qu’il nous est utile de satisfaire ? car ces deux sortes de désirs nous ont été imposés par la nature, n’est-ce pas ?

Oui.

559Il est donc juste de leur appliquer la qualification de nécessaires.

C’est juste.

Mais pour ceux dont on peut se défaire, en s’y appliquant de bonne heure, et dont en outre la présence ne produit aucun bien, et fait même souvent du mal, donnons-leur à tous le nom de superflus, et l’appellation sera juste, n’est-ce pas ?

  1. Épicure, comme Platon, classe les désirs en trois espèces : les désirs naturels et nécessaires, les désirs naturels et non nécessaires, et les désirs qui ne sont ni naturels, ni nécessaires (παράνομοι). V. Usener Epicurea p. 78 et 294.