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LETTRE II

tous les êtres ; il est la fin de toute chose, et la cause de toute beauté ; autour du « Second » se trouvent les secondes choses, et autour du « Troisième », les troisièmes. L’âme humaine aspire à connaître leurs qualités, car elle considère ce qui a parenté avec elle-même, sans que rien 313la satisfasse. Mais quand il s’agit du Roi et des réalités dont j’ai parlé, il n’y a rien de tel. Alors l’âme de demander : cette nature, quelle est-elle donc ? C’est cette question, ô fils de Denys et de Doris, qui est cause de tous les maux ou plutôt c’est le douloureux effort d’enfantement qu’elle provoque dans l’âme, et tant qu’on ne la délivre, elle ne saurait atteindre la vérité[1]. Tu me dis dans tes jardins, sous les lauriers, que tu avais toi-même réfléchi à cela et que c’était ta propre découverte. Je te répondis que bs’il en était réellement ainsi, tu m’épargnerais bien des discours. J’ajoutais n’avoir encore rencontré personne qui eût fait pareille trouvaille, mais que toute mon activité était concentrée vers ce problème. Peut-être as-tu entendu quelqu’un, peut-être la grâce divine a-t-elle excité ton esprit à ces recherches, et croyant tenir ferme les démonstrations, tu ne les as pas attachées. Aussi se précipitent-elles de côté et d’autre autour de chaque apparence dont, en fait, aucune n’a de réalité. Tu n’es pas le seul à qui semblable chose csoit arrivée. Sache bien que jamais personne n’a pu se mettre à m’écouter sans en éprouver autant au début. Les uns s’en sont tirés plus facilement, d’autres moins, mais presque personne sans efforts[2].



Relations scientifiques de Denys et de Platon.

Puisqu’il en a été et qu’il en est ainsi, nous avons, à mon sens, à peu près résolu ta question : quelles doivent être nos relations mutuelles. Du moment que tu discutes ces doctrines, soit avec d’autres et en les comparant à celles que ces autres enseignent, soit en les considérant den elles-mêmes, tu verras qu’elles vont devenir en toi plus consistantes, pourvu que cet examen soit sérieux,

  1. L’âme voudrait connaître les qualités de ces principes (ποῖόν τι), mais précisément ces principes ne possèdent pas le ποῖον qui est essentiellement changeant et variable. C’est ce qui déconcerte l’âme et provoque ses efforts vers une connaissance plus parfaite. Ce passage pourrait être une imitation de la Lettre VII, 343 c.
  2. Tout ce passage est sans doute une imitation soit de Théétète,