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NOTICE GÉNÉRALE

Lettres d’amitié, ou de reproches, de consolations, de conseils, ou de louanges… devaient être bâties chacune selon des règles précises que l’on pouvait retrouver dans des exemples typiques. Sous le nom de Philostrate, de Démétrius de Phalère, nous sont parvenues des théories de littérature épistolaire : les Typi epistolares, le de Elocutione ou le de Forma epistolari de Proclus, petits opuscules ou traités qu’on peut lire au début de l’édition des Epistolographi graeci de Hercher, sont des vestiges de cet engouement. Les uns et les autres reproduisent des modèles où se trouvent développés les thèmes les plus variés, recommandent les qualités propres à chaque espèce et aussi celles qui conviennent au genre lui-même, telles la clarté, une sage sobriété, une simplicité de bon aloi, éloignée de l’enflure comme de la vulgarité ou de la pauvreté[1]. Donc en ce temps-là, parmi les œuvres des rhéteurs, à côté des discours et des romans, se rencontrent de très nombreux recueils de correspondance : lettres réelles dont les destinataires sont des amis, des parents, des maîtres, comme les lettres d’Énée de Gaza, de Procope et surtout de Synésios ; lettres fictives adressées à des correspondants imaginaires : ainsi les lettres d’amour d’Aristénète (probablement au vie siècle), ou les lettres morales, lettres de paysans, lettres de courtisans, de Théophylacte Simocattès ; enfin lettres apocryphes, et ces dernières en très grande abondance, attribuées à des tyrans, des personnages illustres, des philosophes, des orateurs… Les sophistes affectionnaient ce procédé, qui leur permettait de développer leurs idées personnelles, politiques ou autres, en les couvrant de l’autorité d’un grand nom. Ces épîtres ont souvent créé des confusions et la critique a eu parfois du mal à démêler la supercherie.

Si le genre épistolaire fut surtout florissant à cet âge de décadence, il existait pourtant déjà très développé à l’époque des Attales et des Ptolémées. Galène nous raconte comment on vendait aux bibliothèques des lettres signées de noms illustres[2]. Des collections se constituaient peu à peu et leur

  1. Voir, par exemple, Proclus, de Forma epistolari, Hercher, p. 7.
  2. In Hippocr. de nat. hom., I, 42 ; XV, 105.