Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxxiv
NOTICES

et préparant en lui un roi digne du commandement, il s’efforçait d’établir entre eux une totale familiarité de vie[1]. » Ces quelques lignes résument admirablement les récits des historiens. Dion, à la tête d’un certain nombre de partisans résolus, parvint une première fois à sauver sa patrie de la tyrannie qui l’opprimait : il réduisit d’abord dans la citadelle de Syracuse Denys et son armée, puis, par ses habiles manœuvres, contraignit bientôt l’ancien souverain à quitter le pays. Mais, au milieu de luttes incessantes, il n’était pas aisé d’organiser le pouvoir. Des intrigues se nouèrent dans l’ombre, ensuite plus ouvertement. Héraclide, une des victimes de Denys et un des compagnons d’exil de Dion, ambitionnait la première place. Il supportait mal le rôle prépondérant du libérateur de la Sicile, et, par ses menées tortueuses, par ses calomnies, finit par convaincre ses concitoyens qu’il fallait s’affranchir de la pesante autorité de Dion : « Mais en se cuidant tout à coup relever et ressourdre de la tyrannie, ne plus ne moins que d’une longue maladie, » écrit le vieil Amyot, traduisant assez exactement Plutarque, « et voulans hors de saison faire tout ce que font les peuples francs de longue main, ils ruinoient eulx mesmes leurs affaires, et empeschoient les desseings de Dion qui voulait, comme un bon médecin, contenir la ville en estroitte et réglée diète[2]. » Dion dut se retirer sur le territoire de Leontinoi. Toutes ces querelles intestines avaient affaibli l’esprit de résistance contre la tyrannie. On avait oublié Denys, qui sut, lui, profiter de l’heure et qui, voyant le pays débarrassé de son plus sérieux adversaire, n’hésita pas à reprendre les armes pour reconquérir le pouvoir. Il réussit. Le voilà de nouveau maître de Syracuse. Ce ne fut qu’un cri dans toute la ville : il faut rappeler Dion. Ce dernier, oubliant toutes les injures, sans exiger de garanties, obéit à l’impérieuse invitation de ses compatriotes et, pour la seconde fois, il rendait leur cité aux Syracusains.

Le succès ne devait pas cependant mettre fin aux discordes intérieures. Héraclide ne put s’empêcher de reprendre secrètement ses manœuvres, de comploter, de contrecarrer par

  1. 333 b
  2. Plutarque, Dion, c. 37.