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LETTRE VII

de l’entretien principal, soit que cet entretien s’engage tout de suite d’une manière dramatique, il n’est pas rare que la causerie effleure différents problèmes dont on ne voit pas d’abord le lien direct avec le sujet proprement dit de l’ouvrage. Cette liberté gracieuse est un trait de vérité dramatique et de naturel. Un peu d’attention, d’ailleurs, ne tarde pas à faire comprendre qu’une raison profonde a déterminé le choix de ces thèmes préliminaires et qu’une habileté très subtile gouverne cet apparent laisser aller[1]. »

Que les redondances du style, les doublets, les fréquentes anacoluthes, l’abondance des périphrases, les constructions embarrassées, loin de plaider contre l’origine de la lettre, rappellent, au contraire, étonnamment la manière de Platon dans ses œuvres de vieillesse, nous n’avons pas à le redire après tant d’études solides parues ces dernières années, surtout celles de Raeder, de Bertheau et de Ritter.


Difficultés historiques.

Les adversaires de l’authenticité reconnaissent que l’auteur est généralement bien informé des événements qu’il raconte et du milieu qu’il décrit. Il a eu l’habileté de faire revivre assez exactement une époque sans commettre d’anachronismes grossiers. Quelques bévues historiques subsisteraient cependant, dont Platon n’a certainement pas pu se rendre coupable.


A. Les deux Hipparinos. — Au début de la lettre (324 a-b), nous lisons : « Quand pour la première fois je vins à Syracuse, j’avais près de quarante ans. Dion avait l’âge qu’a maintenant Hipparinos, et il voyait alors les choses comme il ne cessa de les voir : les Syracusains, à son avis, devaient être libres et se régir suivant les meilleures lois. Il ne serait donc pas surprenant qu’une divinité ait conformé les idées politiques d’Hipparinos à celles de Dion. »

De quel Hipparinos s’agit-il ? Il en existait deux, l’un, fils de Dion ; l’autre, son neveu, fils de Denys l’ancien et demi-frère de Denys le Jeune. Denys l’ancien avait, en effet, au dire des historiens, épousé le même jour Aristomachè, sœur

  1. T. IV, p. 338