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NOTICES

de se renseigner sur des événements de moindre importance, suivant l’hypothèse de Ritter, on pourrait chercher ailleurs la solution de l’énigme. L’explication apportée par Post me paraît plus satisfaisante[1]. Elle tient compte, en effet, des données de l’histoire et des nuances du texte lui-même. Il ne serait pas question dans ce passage d’Hipparinos, mais d’un second fils de Dion dont le nom nous est resté inconnu. Son existence nous est attestée par Plutarque[2] ; il vint au monde après la mort de son père et vivait encore au moment où la Sicile, délivrée de Callippe, pouvait espérer retrouver une ère de prospérité. Serait-il téméraire de croire que Platon songeait à lui, bien qu’il fût un enfant, et qu’il le proposait aux Siciliens comme futur héritier des pensées et des projets du grand homme d’État disparu ?

Le texte favorise cette interprétation. Tandis que les deux autres candidats à la royauté sont présentés avec des déterminations très précises, le fils de Dion est introduit comme représentant de son père et de son grand-père, mais sans aucun trait caractéristique qui permette de l’identifier. — Le fils de Denys l’ancien est désigné comme portant le nom de l’ancêtre dont la famille doit être glorifiée, τὸν τῷ μὲν ἐμῷ πατρὶ ταὐτὸν κεκτημένον ὄνομα, ὑὸν δὲ Διονυσίου… On s’attendrait à une construction différente (par exemple, καὶ ταὐτὸν κεκτημένον… ou une expression équivalente) si également le premier roi se fût appelé Hipparinos. Plus loin (357 c), tandis que le neveu de Dion est encore expressément désigné, le fils reste toujours anonyme : λέγω δὲ τὰς δύο τήν τε Ἱππαρίνου τοῦ Διονυσίου ὑέος καὶ τὴν τοῦ ἐμοῦ ὑέος.

Mais comment Platon peut-il parler de ce tout jeune enfant comme de quelqu’un qui possède l’idéal du père ? (357) Sans rappeler plus explicitement la croyance du philosophe à l’hérédité et à l’éducation, il suffit d’observer la façon dont il s’exprime. Les termes qu’il emploie supposent que cet idéal n’existe pas encore dans l’esprit des futurs souverains, mais ils l’acquerront, grâce à la réflexion, καὶ λογισαμένοις… De plus, pour établir l’harmonie dans la cité, il faudra que l’accord règne entre Hipparinos et le fils de

  1. Post, A supposed historical discrepancy in the Platonic Epistles, in The American Journal of Philology, 45, 1924, pp. 371-376.
  2. Dion, c. 57, 58.