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LETTRE V

lettre pour que l’on puisse lui reconnaître les caractères d’une lettre réelle, d’une véritable lettre d’affaires, et, de plus, l’imitation évidente de la 7e lettre montre quelle a été la source utilisée par l’auteur. Tout le passage sur l’inutilité des conseils (322 b) est un raccourci des développements parénétiques de la grande lettre (331 b, c, d) et on y retrouve jusqu’à des expressions identiques. Nous avons encore dans cette courte rédaction un exemple de ces exercices d’école qui s’essayaient à paraphraser les pensées les plus saillantes de l’œuvre épistolaire du philosophe, comme les faux dialogues empruntaient aux dialogues authentiques leurs idées et jusqu’à leurs formules. Nous apprenons aussi comment, après la mort de Platon, on envisageait le rôle important de directeur qu’a sans doute joué le chef de l’Académie auprès des princes amis de la science, et quelle fut l’influence politique de ses doctrines.

Lettre VI.

Les personnages.

Les trois destinataires de la lettre : Hermias, Érastos et Coriscos sont des personnages historiques sur lesquels nous ont été transmis quelques renseignements.

Hermias, le tyran d’Atarnée, est suffisamment connu par son extraordinaire fortune et par ses relations avec Aristote et Xénocrate. D’esclave, élevé à la puissance suprême grâce à la faveur et à l’habileté de son maître Euboulos, il s’était vu associer au commandement des cités d’Atarnée et d’Assos par son bienfaiteur, puis, après la mort de ce dernier, avait seul hérité de la tyrannie. C’est alors qu’il appela auprès de lui Xénocrate et Aristote qui furent quelques temps ses hôtes. Il voulut même donner en mariage sa nièce et fille adoptive, Pythias, au futur maître du Lycée. Mais il connut bientôt les vicissitudes du destin. Il exerçait depuis dix ans le pouvoir souverain, quand, victime d’une trahison, il fut livré au roi de Perse Artaxerxès et mis à mort.

Diogène Laërce (III, 46) mentionne Érastos et Coriscos parmi les disciples de Platon. Il unit leurs deux noms comme s’il s’agissait de deux frères. Strabon (XIII, 54) nous apprend qu’ils étaient de Skepsis, bourg voisin d’Atarnée. Coriscos