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MINOS OU SUR LA LOI

même prédilection, plus accentuée peut-être dans Minos, pour les jeux de mots et les allitérations[1]. Les particularités linguistiques relevées par C. Ritter dénotent également une assez grande affinité entre les deux œuvres[2]. Il est indéniable que ces confrontations sont assez impressionnantes. Sont-elles décisives ? Nous ne le pensons pas. Si on se reporte aux fragments des socratiques qui nous ont été conservés ou aux larges extraits que nous livrent les Mémorables de Xénophon, on se rend compte facilement que les dialogues de cette époque étaient construits d’après certains clichés. Les auteurs trouvaient, probablement dans les écoles de rhéteurs, des thèmes tout préparés, des lieux communs et même des expressions stéréotypées, qu’ils ne se faisaient nul scrupule d’utiliser, avec plus ou moins de talent. Que l’on compare, pour s’édifier, les dissertations sur la justice que nous lisons dans les Mémorables (IV, 2) dans les δισσοὶ λόγοι (Diels, Die Fragmente der Vors., II,  83, 3), au livre I de la République de Platon et dans le très court dialogue apocryphe de Justo, — ou encore les développements du thème : la vertu peut-elle s’enseigner, dans les mêmes δισσοὶ λόγοι (Diels, l. c. 83, 6), dans le Protagoras ou le Ménon et dans l’apocryphe de Virtute. Des écrits composés d’après un modèle bien déterminé devaient garder naturellement des airs de parenté, sans qu’il soit nécessaire de leur attribuer une origine commune. Du reste, ces ressemblances sont, en somme, très extérieures, et ce sont celles précisément que nous constatons entre Hipparque et Minos : affinités dans le choix du titre, dans les procédés dialogiques et dans la composition, c’est-à-dire ressemblances que nous devions nous attendre à rencontrer entre des ouvrages calqués sur un même patron.


Minos
et les Stoïciens.

Certains critiques, comme Pavlu, croient découvrir dans Minos une inspiration cynico-stoïcienne. La conception que l’auteur se fait de la loi, prétendent-ils, rappelle les doctrines

  1. Voir dans Minos, v. g. νόμῳ τὰ νομιζόμενα, νομίζεται 314 a ; δόγμα et δόξα 314 c ; νομέυς et νόμος 317 d et suiv. — Dans Hipparque, v. g. ἀξιοῦν et ἄξιος qui reviennent fréquemment…
  2. Untersuchungen über Plato, Stuttgart, 1888. Cf. p. 90, 91 et 94, 95.