Socrate. — Mais nous apprendrait-elle à gouverner ceux qui se livrent aux exercices gymniques ?
Théagès. — Non.
Socrate. — Car c’est le rôle de la gymnastique ?
Théagès. — Oui.
Socrate. — Alors, c’est elle qui nous apprend à gouverner ceux qui font quoi ? Tâche de préciser comme j’ai fait pour les exemples précédents.
124Théagès. — Ceux qui habitent la cité, me semble-t-il.
Socrate. — Les malades n’habitent-ils pas aussi la cité ?
Théagès. — Sans doute, mais je ne parle pas d’eux seulement. Je parle encore de tous les autres qui se trouvent dans la ville.
Socrate. — Est-ce que je comprends bien de quelle science tu parles ? Tu ne m’as pas l’air de dire celle qui nous apprend à gouverner les moissonneurs ou les vendangeurs, ou les planteurs, ou les semeurs, ou les batteurs, car c’est par la science de l’agriculture que nous les gouvernons, n’est-ce pas ?
Théagès. — Oui,
Socrate. — Ni, je suppose, celle qui nous apprend à gouverner tous ceux qui manient la scie, bla tarière, le rabot ou le tour ; ce n’est pas celle-là dont tu parles, car celle-là, n’est-ce pas la menuiserie ?
Théagès. — Oui.
Socrate. — Peut-être alors, est-ce celle qui embrasse tout ce monde, les agriculteurs, les menuisiers, tous les artisans, ainsi que les simples particuliers, hommes et femmes. Voilà peut-être la science dont tu parles.
Théagès. — Elle-même, Socrate. Depuis si longtemps c’est elle que je veux dire.
Socrate. — Pourrais-tu me dire si Égisthe, le meurtrier d’Agamemnon, cgouvernait à Argos ces gens dont tu parles, artisans et particuliers, hommes et femmes, tous ensemble, ou d’autres que ceux-là ?
Théagès. — Non, mais ceux-là.
Socrate. — Et encore, Pelée, fils d’Éaque[1], ne gouvernait-il pas à Phthie ces mêmes gens ?
- ↑ Pelée, roi d’Égine, tua par mégarde son frère Phocos, s’expatria et vint à la cour d’Eurytion, roi de Phthiotide. Il épousa la fille d’Eurytion, puis, plus tard, la nymphe Thétis.