Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/265

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NOTICE


I

LE SUJET

Parmi les œuvres de Platon, se trouve un écrit très court qui tranche avec le ton et l’allure des autres dialogues. Du reste, c’est à peine un dialogue. Socrate amorce le thème qui sera développé, puis disparaît de la scène. D’accusateur, prenant figure d’accusé, il assiste, muet, à son propre procès. Car, telle est l’étrangeté du morceau, contrairement aux autres ouvrages platoniciens, toujours respectueux du maître, et même généralement louangeurs : celui-ci est une véritable diatribe dirigée contre l’enseignement socratique. Quelques éloges viennent sans doute tempérer la critique, mais ces éloges eux-mêmes ne sont pas exempts d’ironie.


Clitophon, dans une conversation avec Lysias l’orateur, a exprimé très librement son opinion sur Socrate, et mettant en parallèle la doctrine de ce dernier avec celle de Thrasymaque, il semble avoir donné la préférence au sophiste. Socrate demande raison à son détracteur et Clitophon, en toute franchise, rapporte son entretien.

1. Il ne blâme pas tout dans l’éducation socratique, loin de là, et toute la partie parénétique de cette éducation, il la loue grandement. Il loue ces déclamations, un peu grandiloquentes, où le philosophe reproche aux hommes de rechercher des maîtres qui leur enseignent les arts et les sciences, et de négliger cela seul qui compte, la science de la vertu, d’exercer leurs corps et de laisser leurs âmes s’étioler, de se servir de cette âme de façon maladroite, en sorte que mieux vaudrait