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NOTICE

L’auteur est un
académicien.

Le dialogue se rattache donc pour les idées de façon assez étroite aux dialogues authentiques. L’auteur fut certainement un adepte de l’Académie dont il accueille les doctrines, et son œuvre est principalement constituée par des réminiscences du premier Alcibiade ou d’autres écrits platoniciens.

Pourrions-nous déterminer avec plus de précision l’époque où fut composé ce pastiche ? D’après quelques allusions plus ou moins voilées, Brünnecke[1] croit reconnaître la marque du temps où florissait l’école d’Aristote et où déjà se manifestaient plus ouvertement, parmi les Athéniens, des sentiments d’hostilité contre la Macédoine. L’allusion la plus suggestive se trouverait dans le passage où Socrate fait avouer à son disciple qu’il recevrait avec joie la faveur d’exercer la tyrannie sur la Grèce entière et même sur toute l’Europe. Et pourtant, continue Socrate, « tu ne voudrais pas échanger ta vie contre le pays et le gouvernement des Grecs et des barbares… ni user de ton pouvoir pour ton malheur ». Puis il conclut : « Il est donc dangereux d’accueillir au petit bonheur ce qu’on vous offre, ou de prier soi-même pour en obtenir la réalisation, si on doit en subir des conséquences fâcheuses ou même perdre la vie » (141 a, b, c). Tel n’avait-il pas été le cas d’Alexandre qui, lui aussi, avait consulté le dieu Ammon (la seule divinité qui soit également nommée dans le second Alcibiade, 148 e) ? Or, il avait reçu, presque dans les mêmes termes, des promesses analogues à celles que Socrate imagine en faveur d’Alcibiade[2]. Il n’est pas impossible que l’auteur du dialogue ait eu présent à l’esprit le cas du jeune souverain de Macédoine enivré de succès jusqu’à perdre la notion de la sagesse et de la mesure. Si le nom d’Alexandre n’est pas prononcé, c’est peut-être que les événements sont encore trop proches, mais le souvenir de la Macédoine est rappelé dans ce même passage par le récit de la mort tragique d’Archélaos (141 d, e).

Peut-on, avec Brünnecke, préciser davantage les circonstances dans lesquelles fut composé cet écrit ? D’après le critique allemand, les textes qui condamnent l’érudition, la

  1. Op. cit.
  2. Cf. Arr. 7, 29 ; 3, 4. — Diodore, XVII, 51. — Plutarque, Alex. 27.