Alcibiade. — Tu dis vrai.
Socrate. — Vois encore ce qui suit.
Alcibiade. — Autant que j’en serai capable.
Socrate. — Tu parles, n’est-ce pas, de gens sensés et de gens qui manquent de bon sens.
Alcibiade. — Oui.
Socrate. — C’est le plus grand nombre qui manque de bon sens et le plus petit nombre qui est sensé ?
Alcibiade. — Il en est ainsi.
Socrate. — N’as-tu pas un critère pour distinguer ces deux sortes de gens ?
Alcibiade. — Si.
bSocrate. — Est-ce donc l’homme qui sait donner des conseils, mais ignore ce qui est bien et quand cela est bien, est-ce lui que tu appelles sensé ?
Alcibiade. — Non, certes.
Socrate. — Ni, je pense, celui qui connaît l’art de la guerre en lui-même, mais ignore quand il est bon de l’entreprendre, ou combien elle doit durer pour qu’elle soit bonne, n’est-ce pas ?
Alcibiade. — Non plus.
Socrate. — Ni encore celui qui sait infliger la mort, la spoliation, l’exil, mais ignore quand ou contre qui cela est bien ?
Alcibiade. — Évidemment non.
cSocrate. — Mais celui qui unit à ses connaissances la science du Bien, — science qui n’est pas autre, je suppose, que celle de l’utile, n’est-ce pas ?
Alcibiade. — Oui.
Socrate. — Donc, nous le dirons sensé, celui-là, et conseiller efficace pour la ville et pour lui-même. Mais celui qui n’est pas tel, nous l’appellerons tout le contraire. Que t’en semble ?
Alcibiade. — À moi, de même.
Socrate. — Et s’il s’agit de l’homme habile à monter à cheval, ou à tirer de l’arc, ou à lutter soit au pugilat, soit
nous pensons que notre jugement est bon. L’auteur d’Alcibiade II a combiné avec ce passage le thème développé quelques pages plus haut dans le modèle (107 d et suiv.). Socrate, au moyen d’exemples, dont plusieurs ont été repris par le plagiaire, explique que pour agir, il faut tenir compte de toutes les circonstances favorables.