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HIPPARQUE OU L’HOMME CUPIDE

de gagner. Qu’est-ce donc qui constitue tel le gain bon ou mauvais ? Qu’y a-t-il d’identique dans chacune des espèces qui permet de leur attribuer la même dénomination (230 d) ?


Quatrième définition (231 a). — Le gain peut se définir : tout ce que l’on acquiert en ne dépensant rien ou en dépensant moins pour recevoir plus. La discussion va prendre comme point de départ cette nouvelle définition :

a) Évidemment, il ne s’agit pas de n’importe quelle acquisition. Il faut qu’elle soit un bien, sans quoi on subirait une perte. Donc le gain est un bien. Nous revenons à nos premières assertions (231 b-c).

b) De plus, si en dépensant moins, on reçoit une quantité plus grande, mais de valeur moindre, si, par exemple, en échange d’une demi-livre d’or, on nous donne le double en argent, nous perdrons au lieu de gagner. Il faut donc compléter la définition en introduisant la notion de valeur. Or, ce qui a de la valeur, c’est ce qui est utile. Mais l’utile, c’est le bien. Nous revenons toujours, quoique nous fassions, à la proposition que nous voulions rétracter : le gain est un bien (231 c-232 b).


Conclusion. — Puisque tous les hommes, bons ou mauvais, aiment le gain, tous les hommes sont cupides (282 c).

II

L’ÉPISODE D’HIPPARQUE

Ce récit, absolument étranger au problème discuté dans le dialogue, est introduit par une réplique du disciple, destinée à amorcer, par manière de digression, l’apologie d’Hipparque. Car l’auteur entreprend ici une véritable apologie du Pisistratide. Il se réclame d’anciennes traditions et réfute, grâce à elles, certaines anecdotes qui courent dans le public, mais n’ont aucun fondement sérieux (229 b-c). Comme cette version diffère en bien des points de celle qui est généralement apportée par les historiens, et parfois même la contredit, il sera utile d’exposer brièvement ces divergences.