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NOTICE

Le dialogue qui s’engage entre Socrate et le malade est constitué par une série d’arguments tendant tous à prouver qu’on ne doit pas redouter la mort, mais qu’on peut, au contraire, la désirer et la souhaiter. Ces arguments sont de deux sortes : les uns, plutôt matérialistes, négligent, ou du moins laissent trop dans l’ombre, les raisons qui militent en faveur de l’immortalité de l’âme et du bonheur qui suit la mort. Ils insistent sur la délivrance des maux de la vie. Aussi ne font-ils aucune impression sur Axiochos. Les autres exposent les motifs qui permettent de croire à la survie de l’âme ; ils laissent entrevoir la félicité qui attend les hommes dans une existence nouvelle et transformée. Ces derniers, de tendance platonicienne, convainquent pleinement le malade et lui rendent sa force d’âme.


Ire Partie.

Socrate développe trois arguments pour persuader Axiochos qu’il ne faut point redouter la perte de la vie terrestre et des biens d’ici-bas.

Premier argument (365 d-366 b). — Tu te lamentes sur ton insensibilité future, sur la perte des jouissances et des plaisirs, et, par ailleurs tu redoutes la pourriture du tombeau. N’est-ce point là un état d’esprit contradictoire ? Si tu dois retomber dans une complète insensibilité, quel mal peux-tu craindre ? Rappelle-toi que lorsque le composé est détruit, le corps ne constitue pas l’homme. Nous sommes une âme. L’enveloppe corporelle est, au contraire, une source de misères. Quitter la vie, c’est passer d’un mal à un bien.

Deuxième argument (366 d-369 b). — Socrate prétend reproduire un discours de Prodicos. Le sophiste aimait à étaler les misères des divers âges de la vie. De l’enfance à la vieillesse, les peines se succèdent sans répit. Aussi les dieux se hâtent-ils de délivrer ceux qu’ils chérissent. Personne ici-bas n’est content de son sort. La vie ne mérite donc pas qu’on s’y attache si fortement.

Troisième argument (369 b-d). — Cet argument est encore emprunté à Prodicos : la mort, disait-il, ne peut affecter les vivants, puisqu’ils existent, ni les morts, puisqu’ils ne sont plus et par conséquent ne peuvent être affectés par rien.

Ce sont là purs sophismes, répond Axiochos, bavardages d’école dont on nous rebat les oreilles aujourd’hui et qui ne m’apportent pas la moindre consolation (369 d).