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AXIOCHOS

[ou Sur la mort.]


SOCRATE, CLINIAS, AXIOCHOS

364Introduction.

Socrate. — J’étais sorti pour me rendre au Kynosargès[1] et je me trouvais près de l’Ilissos, quand parvint à mon oreille une voix qui criait : « Socrate, Socrate ! » Je me retournai pour voir d’où elle venait et j’aperçus Clinias, le fils d’Axiochos, qui courait dans la direction de la fontaine de Kallirhoé, avec le musicien Damon et Charmide, fils de Glaucon : le premier était son maître de musique ; l’autre, un de ses compagnons qu’il aimait et dont il était aimé. bMe détournant alors de mon chemin, je crus bon d’aller à leur rencontre pour les joindre plus vite. Tout en larmes, Clinias me dit : « Socrate, voilà bien l’occasion de montrer ta sagesse si vantée : mon père vient d’être frappé subitement[2] d’une faiblesse et il touche à sa fin. Or, il voit venir avec beaucoup de tristesse le dénouement, lui qui auparavant raillait ceux qui s’effrayaient de la mort et les tournait doucement en ridicule. cViens donc et console-le à ta manière, afin qu’il parte sans gémir vers son

  1. Gymnase consacré à Hercule et quartier de la ville où s’élevait ce gymnase. On célébrait là des jeux en l’honneur du demi-dieu, en mémoire d’un fait qui serait survenu après l’apothéose d’Hercule. Pendant le sacrifice, un chien aurait dévoré les viandes de l’autel et disparu aussitôt. D’où le nom que l’on donne à cet endroit, ἀργός signifiant la rapidité du chien. — Antisthène choisit ce gymnase pour réunir ses adeptes.
  2. Fischer fait justement remarquer que le terme ὥρα ne peut avoir ici une signification temporelle. Mais, dit-il : « Uocabula