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AXIOCHOS

sements, plus de vieillesse, où l’on mène une vie calme et à l’abri des maux ; tu jouiras d’une paix tranquille, tu contempleras la nature et philosopheras, non pour la foule et pour te donner en spectacle, mais pour la pleine et entière vérité.

Axiochos. — Ton discours a transformé mes idées. Je ne crains plus la mort, je la désire plutôt, e— pour imiter un peu, moi aussi, l’emphase des rhéteurs. Il me semble que déjà je parcours les sphères et entreprends la course éternelle et divine ; dépouillé de ma faiblesse, je me suis repris moi-même et me voilà devenu un homme nouveau.


Le mythe.

371Socrate. — Veux-tu un autre discours ? celui que m’a tenu Gobryas, un mage. Il me raconta qu’à l’époque de la traversée de Xerxès, son grand-père qui portait également le même nom que lui[1], envoyé à Délos pour défendre l’île natale des deux divinités[2], apprit ceci par des tablettes de bronze qu’avaient apportées de chez les Hyperboréens[3] Opis et Ekaergè : après sa séparation du corps, l’âme va dans un lieu obscur, dans des régions souterraines où se trouve le royaume de Pluton, non moins vaste que la demeure de Zeus, bcar la terre occupant le centre du monde et le ciel étant sphérique, les dieux célestes habitent un des hémisphères ; les dieux infernaux, l’autre, les uns, frères, les autres, fils de frères. Le vestibule de la voie qui conduit chez Pluton est barricadé par des fermetures

    et ψυχή remonte, sans doute, à Xénophane qui, le premier semble avoir identifié les deux (Diog. L. IX, 19). Il fut suivi par Épicharme et Euripide Cf. Rohde 8, {Psyché, II, 258 n. 3). Les stoïciens ont largement développé la notion de πνεῦμα (Diog. L. VII, 157), ainsi que la croyance à la divinité de l’esprit. Sénèque, par exemple, écrira : « Sacer intra nos spiritus sedet… in unoquoque uirorum bonorum quis deus incertum est, habitat Deus » (Ep. 41, 2) et dans Ep. 66, 12 : « Ratio autem nihil aliud est quam in corpus humanum pars diuini spiritus mersa ».

  1. L’existence de ce personnage est attestée par Hérodote VII, 72. Il était un des chefs de l’armée de Xerxès. Mais le fait de son envoi à Délos, affirmé seulement par l’auteur du dialogue, reste douteux. Quant à l’existence du mage, elle est très problématique (Cf. Swoboda, art. Gobryas, in Pauly-Wissowa, 72, p. 1151, 2 et 4).
  2. Apollon et Artémis.
  3. Peuple fabuleux qui se rattache au culte d’Apollon. Les anciens le situaient à l’extrême Nord, sur les monts Rhipéens ou, sur-