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Page:Platon - Œuvres complètes, Tome 2, trad Dacier et Grou, 1869.djvu/269

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que de toutes ces richesses, aucune n’est à ta disposition, puisque tout le monde les administre excepté toi, et que ton corps lui-même, qui est si beau, ne t’est d’aucun usage, puisqu’un autre que toi le soigne et le gouverne. Toi, Lysis, en définitive, tu ne fais rien et ne conduis rien à ton gré. — C’est, répondit-il, que je n’ai pas encore l’âge, Socrate. — Prends garde, fils de Démocrate, que l’âge ne soit pas la vraie raison ; car il y a bien des choses tout aussi importantes, ce me semble, que ton père et ta mère te laissent faire, sans attendre que tu sois plus âgé. Par exemple, quand ils veulent se faire lire ou écrire quelque chose, c’est à toi le premier, je pense, qu’ils s’adressent dans la maison, n’est-ce pas ? — Oui, répondit-il. — Et quand tu écris, tu es libre de tracer telle lettre la première et telle autre la seconde, et de les lire ensuite dans le même ordre ? Lorsque aussi tu prends ta lyre, ni ton père ni ta mère ne t’empêchent de tendre et de lâcher telle corde que tu veux, non plus que de la pincer ou de la frapper avec le plectrum ? — Non. — Pourquoi donc te permettent-ils certaines choses, et te défendent-ils les autres dont nous avons parlé ? — Sans doute parce que je sais bien les unes et que je ne sais pas les autres. — Bien, excellent enfant. Mais alors ce n’est pas l’âge que ton père attend en toi pour te permettre toutes choses ; car le jour où il te croira plus habile que lui, ce jour-là il te confiera et tous ses biens et lui-même. — Je le pense aussi, dit-il. — Bien, mais dis-moi, ton voisin n’en usera-t-il pas avec toi de la même façon que ton