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Page:Platon - Œuvres complètes, Tome 2, trad Dacier et Grou, 1869.djvu/291

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besoin de ce qui lui manque ? — Oui. — Il me semble dès lors que c’est le convenable qui doit être l’objet de l’amour, de l’amitié et du désir ; qu’en dites-vous, Ménexène et Lysis ? — Ils en convinrent tous les deux. — Et si vous êtes tous deux amis l’un de l’autre, c’est qu’il existe entre vous une convenance naturelle. — Oui, très-grande, dirent-ils ensemble. — Ainsi, mes enfants, si quelqu’un en désire ou en aime un autre, jamais il ne pourrait ni le désirer, ni l’aimer, ni le rechercher s’il ne se rencontrait entre lui et l’objet de son amour quelque convenance d’âme, de caractère ou d’extérieur. — Certainement, dit Ménexène. Mais Lysis garda le silence. — Aimer ce qui nous convient naturellement nous paraît donc nécessaire ? — Oui. — Et c’est aussi une nécessité d’être aimé de celui qu’on aime véritablement et sincèrement ? » Lysis et Ménexène firent à peine un signe d’assentiment ; mais Hippothalès, ivre de joie, changeait à chaque instant de couleur.

Pour moi, voulant éclaircir cette opinion, je dis alors : « Si le convenable diffère du semblable, nous aurions, ce me semble, Lysis et Ménexène, trouvé le dernier mot de l’amitié. Mais si le convenable et le semblable se trouvent être la même chose, il ne nous sera pas aisé de nous soustraire à l’objection déjà posée que le semblable est inutile au semblable, à cause de leur identité même ; et d’autre part, soutenir que l’ami n’est pas utile, c’est une absurdité. Voulez-vous donc, pour ne pas nous enivrer en quelque sorte de nos propres discours, que nous