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Page:Platon - Œuvres complètes, tome 6, Dialogues dogmatiques II (trad. Dacier et Grou), 1869.djvu/60

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d’observation, et que la fatalité, aussi bien que son propre penchant, emporta encore une fois le monde dans un mouvement contraire. Tous les dieux qui gouvernaient, de concert avec la divinité suprême, les diverses régions, témoins de ces faits, abandonnèrent à leur tour les parties de l’univers confiées à leurs soins. Celui-ci, revenant sur lui-même dans un mouvement rétrograde, poussé dans les deux directions opposées de l’ordre de choses qui commence et de celui qui finit, et s’agitant à plusieurs reprises sur lui-même avec violence, causa une destruction nouvelle des animaux de toute espèce. Ensuite, après un intervalle de temps suffisant, le trouble, le tumulte, l’agitation cessèrent, la paix se rétablit, et le monde recommença avec ordre sa marche accoutumée, attentif à lui-même et à tout ce qu’il renferme, se rappelant autant qu’il pouvait les leçons de son auteur et de son père. Au commencement il s’y conformait avec exactitude, et à la fin avec plus de négligence. La cause de cela, c’était l’élément matériel de sa constitution, lequel a son origine dans l’antique nature, livrée longtemps à la confusion, avant de parvenir à l’ordre actuel. C’est, en effet, de celui qui l’a composé que le monde tient tout ce qu’il a de beau ; et c’est de son état antérieur qu’il reçoit, pour le transmettre aux animaux, tout ce qui arrive de mauvais et d’injuste dans l’étendue du ciel. Tandis qu’il dirige de concert avec son guide les animaux qu’il renferme, il produit peu de mal et beaucoup de bien. Mais quand il vient à s’en séparer, dans le premier instant de son isolement,