Quoi donc ! Polos, te flattes‑tu de mieux répondre que Gorgias ?
Qu’importe, si je te fais une réponse satisfaisante ?
Il n’importe en rien, et, puisque tu le veux, réponds.
Questionne.
Voici ma question. Si Gorgias s’entendait à l’art que professe son frère Hérodicos [1], quel nom devrions‑nous lui donner ? Le même qu’à son frère, n’est‑ce pas ?
Oui.
En disant qu’il est médecin, nous parlerions donc correctement ?
Oui.
Et s’il était versé dans l’art d’Aristophon [2] fils d’Aglaophon, ou de son frère, quel nom devrions‑nous lui donner ?
Celui de peintre évidemment.
Mais, en fait, dans quel art est‑il versé et quel nom devons‑nous lui donner ?
Khairéphon, il existe dans le monde beaucoup d’arts qu’à force d’expériences, l’expérience a découverts [3]: car l’expérience fait que notre vie est dirigée selon l’art, et l’inexpérience, au gré du hasard. De ces différents arts, les uns choisissent ceux‑ci, les autres ceux‑là, chacun à sa manière, et les meilleurs choisissent les meilleurs. Gorgias est de ce nombre et l’art qu’il possède est le plus beau.
III. — Je vois, Gorgias, que Polos est merveilleusement entraîné à discourir ; mais il ne fait pas ce qu’il a promis à Khairéphon.
Comment cela, Socrate ?
- ↑ Cet Hérodicos de Léontium, frère de Gorgias, ne doit pas être confondu avec Hérodicos de Sélymbrie, maître de gymnastique et médecin, que Protagoras range parmi les sophiste (Prot., 316 e).
- ↑ Pline (Hist., N., XXXV, ii) fait mention du peintre Aristophon , frère du célèbre peintre et sculpteur Polygnote. Leur père Aglaophon passait pour avoir enseigné lui-même la peinture à Polygnote.
- ↑ Stobée (Florileg., III, 88) cite tout ce passage sous le nom de Polos ; mais il esst probable que c'et une parodie que Platon a faite lui-même du style recherché de Polos.