asion qui le fasse paraître aux yeux des ignorants plus savant, malgré son ignorance, que celui qui sait. Ou bien est‑il nécessaire de savoir et faut‑il avoir appris ces choses avant de venir à toi pour apprendre la rhétorique ? Sinon, toi, qui es maître de rhétorique, sans enseigner aucune de ces choses à celui qui vient à ton école, car ce n’est pas ton affaire, feras‑tu en sorte que devant la foule il ait l’air de savoir tout cela, quoiqu’il ne le sache pas, et qu’il paraisse honnête, quoiqu’il ne le soit pas ? Ou bien te sera‑t‑il absolument impossible de lui enseigner la rhétorique, s’il n’a pas appris d’avance la vérité sur ces matières ? Que faut‑il penser de tout cela, Gorgias ? Au nom de Zeus, dévoile‑moi, comme tu l’as promis, il n’y a qu’un instant, en quoi consiste enfin la puissance de la rhétorique.
Mon avis à moi, Socrate, c’est que, s’il ignore ces choses‑là, il les apprendra, elles aussi, auprès de moi.
Il suffit : voilà qui est bien parler. Pour que tu puisses faire de quelqu’un un bon orateur, il est indispensable qu’il connaisse ce que c’est que le juste et l’injuste, soit qu’il l’ait appris avant, soit qu’il l’ait appris après à ton école.
Cela est certain.
Mais quoi ? Celui qui a appris la charpenterie est‑il charpentier, ou non ?
Il l’est.
Et celui qui a appris la musique n’est‑il pas musicien ?
Si.
Et celui qui a appris la médecine, médecin ? et le même principe ne s’applique‑t‑il pas aux autres arts ? Celui qui a appris un art n’est‑il pas tel que le fait la connaissance de cet art ?
Si, certainement.
A suivre ce principe, celui qui a appris la justice est donc juste ?
Sans aucun doute.
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