réalité la sophistique l’emporte en beauté sur la rhétorique autant que la législation sur la jurisprudence et la gymnastique sur la médecine 49. Pour moi, je croyais que les orateurs politiques et les sophistes étaient les seuls qui n’eussent pas le droit de reprocher à celui qu’ils éduquent eux‑mêmes d’être mauvais à leur égard, qu’autrement ils s’accusent eux‑mêmes du même coup de n’avoir fait aucun bien à ceux qu’ils prétendent améliorer. N’est‑ce pas vrai ?
Certainement.
Ce sont aussi, je crois, les seuls qui pourraient vraisemblablement donner leurs services sans exiger de salaire, si ce qu’ils disent est vrai. Pour toute autre espèce de service, par exemple, pour avoir appris d’un pédotribe à courir vite, il se pourrait que le bénéficiaire voulût frustrer son maître de la reconnaissance qu’il lui doit, si celui-ci lui avait donné ses leçons de confiance et sans stipuler qu’il toucherait son salaire au moment même, autant que possible, où il lui communiquerait l’agilité. Car ce n’est pas la lenteur, je pense, qui fait qu’on est injuste, c’est l’injustice. Est‑ce vrai ?
Oui.
Donc, si c’est précisément l’injustice que le maître lui retire, le maître n’a pas à craindre l’injustice de son disciple, et, seul, il peut en toute sûreté placer ce service sans condition, s’il est réellement capable de faire des hommes vertueux. N’est‑ce pas vrai ?
J’en conviens.
LXXVI. — C’est pour cette raison, semble‑t‑il, que pour toute autre espèce de conseil, par exemple à propos d’architecture et des autres arts, il n’y a aucune honte à recevoir de l’argent.
Il le semble.
Mais s’il s’agit de la méthode à suivre pour devenir aussi bon que possible et pour administrer parfaitement sa maison ou la cité, c’est une opinion établie qu’il est honteux de n’accorder ses conseils que contre argent. Est‑ce vrai ?
Oui.