Aller au contenu

Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ER|c}}

C’est que la loi ne pourra jamais embrasser exactement ce qui est le meilleur et le plus juste pour tout le monde à la fois, pour y conformer ses prescriptions : car les différences qui sont entre les individus et entre les actions et le fait qu’aucune chose humaine, pour ainsi dire, ne reste jamais en repos interdisent à toute science, quelle qu’elle soit, de promulguer en aucune matière une règle simple qui s’applique à tout et à tous les temps. Accordons-nous cela ?

SOCRATE LE JEUNE

Comment s’y refuser ?

L’ÉTRANGER

Et cependant, nous le voyons, c’est à cette uniformité même que tend la loi, comme un homme buté et ignorant, qui ne permet à personne de rien faire contre son ordre, ni même de lui poser une question, lors même qu’il viendrait à quelqu’un une idée nouvelle, préférable à ce qu’il a prescrit lui-même.

SOCRATE LE JEUNE

C’est vrai : la loi agit réellement à l’égard de chacun de nous comme tu viens de le dire.

L’ÉTRANGER

Il est donc impossible que ce qui est toujours simple s’adapte exactement à ce qui ne l’est jamais.

SOCRATE LE JEUNE

J’en ai peur.

L’ÉTRANGER

XXXIV. — Alors, pourquoi donc est-il nécessaire de légiférer, si la loi n’est pas ce qu’il y a de plus juste ? Il faut que nous en découvrions la raison.

SOCRATE LE JEUNE

Certainement.

L’ÉTRANGER

N’y a-t-il pas chez vous, comme dans d’autres Etats, des réunions d’hommes qui s’exercent soit à la course, soit à quelque autre jeu, en vue d’un certain concours ?

SOCRATE LE JEUNE

Si, et même beaucoup.

{{Personnage|