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Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/230

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reste, j’imagine que, s’il y avait quelqu’un qui en fût capable parmi ceux qui ont réellement reçu la science royale en partage, il ne consentirait guère à se donner des entraves en écrivant ce qu’on appelle des lois.

SOCRATE LE JEUNE

Non, étranger, du moins d’après ce que nous venons de dire.

L’ÉTRANGER

Et plus encore, excellent ami, d’après ce que nous allons dire.

SOCRATE LE JEUNE

Quoi donc ?

L’ÉTRANGER

Ceci. Il faut nous dire qu’un médecin ou un maître de gymnase qui va partir en voyage et qui pense rester longtemps loin de ceux auxquels il donne ses soins, voudrait, s’il pense que ses élèves ou ses malades ne se souviendront pas de ses prescriptions, les leur laisser par écrit, ou bien que ferait-il ?

SOCRATE LE JEUNE

Ce que tu as dit.

L’ÉTRANGER

Mais si le médecin revenait après être resté en voyage moins longtemps qu’il ne prévoyait, est-ce qu’il n’oserait pas à ces instructions écrites en substituer d autres, si ses malades se trouvaient dans des conditions meilleures par suite des vents ou de tout autre changement inopiné dans le cours ordinaire des saisons ? ou persisterait-il à croire que personne ne doit transgresser ses anciennes prescriptions, ni lui-même en ordonnant autre chose, ni ses malades en osant enfreindre les ordonnances écrites, comme si ces ordonnances étaient seules médicales et salutaires, et tout autre régime insalubre et contraire à la science ? Se conduire de la sorte en matière de science et d’art, n’est-ce pas exposer sa façon de légiférer au ridicule le plus complet ?

SOCRATE LE JEUNE

Sûrement.

L’ÉTRANGER

Et si après avoir édicté des lois écrites ou non écrites sur le juste et l’injuste, le beau et le laid, le bien et le mal, pour les troupeaux d’hommes qui se gouvernent dans leurs cités respectives conformément aux lois écrites, s