|c}}
Pour moi, j’en suis d’accord.
Et toi, Philèbe, qu’en dis-tu ?
Moi, je suis et serai toujours convaincu que, de toute façon, la victoire appartient au plaisir. Mais c’est à toi d’en juger, Protarque.
Du moment que tu nous as remis le débat, Philèbe, tu n’es plus le maître d’accorder ou de refuser ton assentiment à Socrate.
Tu as raison. Ainsi me voilà quitte et, dès ce moment, j’en prends la déesse[1] elle-même à témoin.
Et nous, de notre côté, nous joindrons là-dessus notre témoignage au tien et nous attesterons que tu as bien dit ce que tu dis. Mais maintenant, Socrate, que Philèbe acquiesce à notre dessein ou qu’il fasse comme il le préfère, nous n’en devons pas moins poursuivre et mener à terme notre débat.
III. — Il faut essayer et commencer par la déesse même qui s’appelle Aphrodite, à ce que dit Philèbe, mais dont le nom le plus authentique est Plaisir.
C’est très juste.
J’ai toujours, à l’égard des noms des dieux, Protarque, une crainte plus qu’humaine et qui dépasse les craintes les plus fortes, et à présent aussi, j’appelle Aphrodite du nom qui lui agrée. Mais, pour le plaisir, je sais qu’il est varié, et, puisque, comme je l’ai dit, nous commençons par lui, il faut considérer et rechercher quelle est sa nature. A l’entendre ainsi simplement nommer, c’est une chose unique, mais il est certain qu’il revêt des formes de toute sorte et, à certains égards, dissemblables entre elles. Vois en effet : nous disons bien que l’homme débauché a du plaisir, mais que l’homme tempérant en trouve aussi dans sa tempérance même, que l’insensé aussi, plein d’opinions, et d’espérances folles, a du plaisir, et que le sage lui-
- ↑ Cette déesse, comme va le dire Socrate, est la déesse du plaisir, Aphrodite, avec laquelle Philèbe, son adorateur, se sent quitte, après s’être déchargé sur Protarque du soin de la défendre.