Non pas, du moins en tant qu’ils sont des plaisirs.
Nous voilà revenus au même argument, Protarque, et nous allons dire qu’un plaisir ne diffère pas d’un autre, mais qu’ils sont tous semblables, et les exemples que je viens d’alléguer ne nous blessent en rien, et nous nous comporterons et nous parlerons comme les plus ineptes des hommes et les raisonneurs les plus novices.
Qu’entends-tu par là, Socrate ?
C’est que si, pour t’imiter et te rendre la pareille, j’ai le front de dire que la chose la plus dissemblable est la plus semblable de toutes à celle dont elle diffère le plus, je pourrais faire valoir les mêmes raisons que toi, et nous paraîtrons plus novices qu’il ne convient et notre débat s’en ira à la dérive. Reprenons-le donc : peut-être, en nous offrant les mêmes prises, pourrons-nous arriver à un accord.
Comment ? parle.
IV. — Suppose que c’est moi, Protarque, qui suis, à mon tour, questionné par toi.
Que dois-je te demander ?
Si la sagesse, la science, l’intelligence et toutes les choses que j’ai mises en commençant au rang des biens, quand on m’a demandé ce que c’est que le bien, ne seront pas dans le même cas que ton plaisir ?
Comment cela ?
Il apparaîtra que la science en général comprend plusieurs espèces et que certaines d’entre elles sont différentes les unes des autres. S’il s’en trouvait même qui fussent opposées, serais-je digne de discuter avec toi, si, dans la crainte de reconnaître cette opposition, je prétendais qu’aucune science n’est différente d’une autre, et