Il n’en aura guère, en effet.
En effet, il ne restera plus après cela qu’à recourir à la conjecture et à exercer ses sens par l’expérience et la routine, en y adjoignant ces facultés divinatoires auxquelles beaucoup de gens donnent le nom d’arts, lorsqu’elles ont acquis de la force par l’exercice et le travail.
C’est indéniable.
N’est-ce pas d’abord le cas de la musique, elle qui règle ses accords, non point par la mesure, mais par des conjectures fondées sur la pratique ? C’est par conjecture que toute une partie de la musique, l’art de la flûte[1], cherche la juste mesure de chaque note qu’elle lance, de sorte qu’il se mêle à cet art beaucoup d’obscurité et que la certitude n’y a qu’une faible part.
Rien de plus vrai.
Et nous trouverons qu’il en est de même de la médecine, de l’agriculture, du pilotage et de l’art du général d’armée.
Certainement.
Mais l’architecture, qui fait usage d’un très grand nombre de mesures et d’instruments, en retire, je crois, cet avantage qu’elle a beaucoup de justesse et qu’elle est plus scientifique que la plupart des arts.
En quoi ?
Dans la construction des vaisseaux et des maisons et dans beaucoup d’autres ouvrages en bois ; car elle se sert, je pense, de la règle, du tour, du compas, du cordeau et d’un instrument finement imaginé pour redresser le bois.
Ce que tu dis, Socrate, est parfaitement juste.
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- ↑ Ce que Socrate dit de l’art de la flûte pourrait à la rigueur s’appliquer au constructeur qui détermine par conjecture la place des trous. Peut-être faut-il lire «l’art de jouer de la cithare». C’est par conjecture que le joueur de cithare trouve l’endroit où il doit toucher les cordes de son instrument pour obtenir la note juste. Au reste, le texte des manuscrits n’est pas sûr.