Page:Platon - Théétète. Parménide, trad. Chambry.djvu/122

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Oui.

SOCRATE

Donc des deux formes de mouvement que nous avons distinguées, déplacement et altération ?

THÉODORE

Sans doute, si l’on veut que le mouvement soit complet.

SOCRATE

Si en effet il n’y avait que déplacement, sans altération, nous pourrions dire, je pense, de quelle nature sont les choses qui coulent et se déplacent, n’est-ce pas vrai ?

THÉODORE

Si.

SOCRATE

Mais puisque l’on ne peut même pas tabler sur la stabilité de la blancheur de ce qui coule blanc, et qu’il y a un flux de la blancheur même et un passage à une autre couleur, de manière qu’on ne peut pas prouver qu’elle est fixe à cet égard, est-il jamais possible d’appeler quelque chose du nom de couleur, de manière que ce nom soit juste ?

THÉODORE

Le moyen, Socrate ? Comment nommer n’importe quoi de ce genre, si chaque fois qu’on en parle, la chose se dérobe, puisqu’elle s’écoule toujours ?

SOCRATE

Que dirons-nous alors d’une sensation quelconque, par exemple de celles de la vue et de l’ouïe ? Dirons-nous qu’elles demeurent dans l’état de vision ou d’audition ?

THÉODORE

Il ne le faut pas, s’il est vrai que tout se meut.

SOCRATE

Dès lors, il ne faut pas dire d’une chose qu’elle voit plutôt qu’elle ne voit pas, ni d’aucune sensation qu’elle sent plutôt qu’elle ne sent pas, du moment que tout se meut de toutes manières.

THÉODORE

Non, en effet.

SOCRATE

Et pourtant la sensation est science, avons-nous dit, Théétète et moi.