Mais leur essence, la dualité de leur être, leur opposition mutuelle et aussi l’existence de cette opposition, c’est l’âme elle-même qui, revenant sur ces notions et les comparant entre elles, essaye d’en juger pour nous.
Parfaitement.
Il y a donc certaines choses que, dès leur naissance, les hommes et les bêtes sont naturellement capables de sentir : ce sont les impressions qui gagnent l’âme en passant par le corps. Au contraire, les raisonnements qu’on fait sur ces impressions, relativement à leur essence et à leur utilité, ne viennent que difficilement et à la longue, à force de travaux et d’étude, à ceux chez qui ils se forment.
Cela est certain.
Or est-il possible d’atteindre la vérité quand on n’atteint même pas l’être ?
C’est impossible.
Et si l’on n’atteint pas la vérité sur un objet, en aura-t-on jamais la science ?
Comment le pourrait-on, Socrate ?
Ce n’est donc point dans les impressions que réside la science, mais dans le raisonnement sur les impressions ; car c’est par cette voie, semble-t-il, qu’on peut atteindre l’essence et la vérité, tandis qu’on ne le peut par l’autre voie.
C’est évident.
Alors appelleras-tu les deux choses du même nom, quand il y a de si grandes différences entre elles ?
Ce ne serait pas juste.