Page:Platon - Théétète. Parménide, trad. Chambry.djvu/131

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clair au point où tu en es arrivé. Et dis-moi de nouveau ce qu’est la science.

THÉÉTÈTE

XXXI. — Dire que toute opinion est science, Socrate, c’est impossible, puisqu’il y a aussi une opinion fausse. Mais il y a chance que l’opinion vraie soit science, et voilà ma réponse. Si, en avançant, nous trouvons qu’elle ne l’est pas, comme nous le croyons à présent, nous essaierons une autre définition.

SOCRATE

Voilà bien comme il faut parler, Théétète, avec décision, plutôt que d’hésiter à répondre, comme tu faisais d’abord. En continuant ainsi, de deux choses l’une, ou bien nous trouverons ce que nous cherchons, ou nous serons moins portés à croire que nous savons ce que nous ne savons pas du tout, et, certes, ce n’est point là un avantage à dédaigner. Donc, encore une fois, que dis-tu ? Etant donné qu’il y a deux espèces d’opinions, l’une vraie et l’autre fausse, c’est l’opinion vraie que tu définis science ?

THÉÉTÈTE

Oui, cela me paraît juste pour le moment.

SOCRATE

Cela étant, est-ce encore la peine, à propos de l’opinion, de revenir sur un point ?

THÉÉTÈTE

De quel point veux-tu parler ?

SOCRATE

D’un point qui me tracasse à présent et qui m’a déjà tracassé bien d’autres fois, au point de me jeter dans une grande perplexité vis-à-vis de moi-même et des autres, parce que je ne puis expliquer ce qu’est ce phénomène qui se produit en nous, et de quelle manière il s’y forme.

THÉÉTÈTE

Quel phénomène ?

SOCRATE

L’opinion fausse. Aussi je réfléchis et je balance encore si je laisserai cette question de côté ou si je l’examinerai d’une autre manière que tout à l’heure.

THÉÉTÈTE

Pourquoi non, Socrate, pour peu que cela te paraisse