Et des vraies aussi ?
Des vraies aussi.
Nous tenons donc à présent pour un point suffisamment décidé que ces deux sortes d’opinion existent certainement ?
Oui, parfaitement décidé.
XXXV. — En vérité, Théétète, il y a des chances qu’un bavard soit une créature étrange et déplaisante.
Pourquoi ? À quel propos dis-tu cela ?
C’est que je suis fâché d’être rétif à comprendre et d’être un véritable babillard. Car de quel autre terme se servir à l’égard d’un homme qui tiraille les arguments dans tous les sens et qui a peine à en finir avec chacun d’eux ?
Mais toi-même, de quoi es-tu fâché ?
Je ne suis pas seulement fâché : je crains encore de ne savoir que répondre, si quelqu’un me demande : « Tu as donc découvert, Socrate, que l’opinion fausse ne se rencontre ni dans les rapports naturels des sensations, ni dans les pensées, mais dans l’ajustement de la sensation à la pensée ? » Je répondrai oui, je présume, et je m’applaudirai de cela comme d’une belle découverte.
Il me semble à moi, Socrate, qu’il n’y a pas lieu de rougir de la démonstration qui vient d’être faite.
« Ainsi, poursuivra-t-il, tu prétends que jamais nous ne pouvons penser qu’un homme auquel nous pensons simplement, sans le voir, est un cheval que nous ne voyons ni ne touchons pas non plus, mais auquel nous pensons simplement sans avoir de lui aucune sensation ? » Je dirai, je pense, que c’est bien cela que je prétends.