Page:Platon - Théétète. Parménide, trad. Chambry.djvu/58

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malgré cela, j’ai différé jusqu’à aujourd’hui. Mais qui nous empêche de la parcourir à présent ? Aussi bien j’ai moi-même besoin de me reposer ; car je viens de la campagne.

EUCLIDE

Eh bien, moi aussi, qui viens d’accompagner Théétète jusqu’à Erinéon[1], je prendrais volontiers quelque repos. Entrons donc et, pendant que nous reposerons, mon esclave nous fera la lecture.

TERPSION

C’est bien dit.

EUCLIDE

Voici le cahier, Terpsion. J’y ai rédigé l’entretien de telle sorte que Socrate, au lieu de le rapporter comme il le fit réellement, converse directement avec ceux qui, d’après son récit, lui donnaient la réplique. C’étaient, dit-il, le géomètre Théodore et Théétète. J’ai voulu éviter dans ma rédaction l’ennui de ces formules intercalées dans le discours, quand par exemple Socrate dit en parlant de lui-même : « et moi, je dis », ou « et moi, je répondis », et en parlant de son interlocuteur : « il en tomba d’accord » ou « il n’en convint pas[2]. » C’est pour cette raison que ma rédaction est un dialogue direct de Socrate avec ses interlocuteurs et que j’en ai retranché ces formules.

TERPSION

Et tu n’as rien fait en cela que de convenable, Euclide.

EUCLIDE

Allons, esclave, prends le cahier et lis.

  1. Erinéon, endroit situé près d’Eleusis, où, d’après la fable, Pluton était descendu avec Proserpine.
  2. Cicéron a imité ce passage et repris le procédé indiqué ici dans son Lélius, I, 3 : « Ejus disputationis sententias memoriae mandavi, quas hoc libro exposui arbitratu meo ; quasi enim ipsos induxi loquentes, ne « inquam » et « inquit » saepius interponeretur, atque ut tanquam a praesentibus coram haberi sermo videretur. »