En ce cas, que dirons-nous qu’est le vent pris en lui-même, froid ou non froid ? ou bien en croirons-nous Protagoras et dirons-nous qu’il est froid pour celui qui a froid, et qu’il n’est pas froid pour celui qui n’a pas froid ?
Il semble bien que oui.
N’apparaît-il pas tel à l’un et à l’autre ?
Si.
Mais apparaître, c’est être senti ?
Effectivement.
Alors l’apparence et la sensation sont la même chose en ce qui concerne la chaleur et toutes les choses du même genre ; car telles chacun les sent, telles elles semblent bien être pour chacun.
C’est vraisemblable.
Donc la sensation, en tant que science, a toujours un objet réel et n’est pas susceptible d’erreur.
Evidemment.
Alors, au nom des Grâces, Protagoras, qui était la sagesse même, n’aurait-il pas en ceci parlé par énigmes pour la foule et le vulgaire que nous sommes, tandis qu’à ses disciples il disait la vérité en secret ?
Que veux-tu dire par là, Socrate ?
Je vais te le dire, et ce n’est pas une chose insignifiante : c’est qu’aucune chose, prise en elle-même, n’est une, qu’il n’y a rien qu’on puisse dénommer ou qualifier de quelque manière avec justesse. Si tu désignes une