Page:Platon - Théétète. Parménide, trad. Chambry.djvu/85

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Tu vois donc qu’il n’est pas difficile de soulever une controverse là-dessus, alors qu’on se demande même si nous sommes éveillés ou si nous rêvons. De plus, comme le temps où nous dormons est égal à celui où nous sommes éveillés, dans chacun de ces deux états notre âme soutient que les idées qu’elle a successivement sont absolument vraies, en sorte que, pendant une moitié du temps, ce sont les unes que nous tenons pour vraies et, pendant l’autre moitié, les autres, et nous les affirmons les unes et les autres avec la même assurance.

THÉÉTÈTE

Cela est certain.

SOCRATE

N’en faut-il pas dire autant des maladies et de la folie, sauf pour la durée, qui n’est plus égale ?

THÉÉTÈTE

C’est juste.

SOCRATE

Mais quoi ? est-ce par la longueur et par la brièveté du temps qu’on définira le vrai ?

THÉÉTÈTE

Ce serait ridicule à beaucoup d’égards.

SOCRATE

Mais peux-tu faire voir par quelque autre indice clair lesquelles de ces croyances sont vraies ?

THÉÉTÈTE

Je ne crois pas.

SOCRATE

XIV. — Ecoute-moi donc : je vais t’exposer ce que pourraient dire là-dessus ceux qui soutiennent que, quelles que soient les choses qui nous apparaissent, elles sont vraies pour qui les croit telles. Ils commencent, j’imagine, par une question comme celle-ci : « Se peut-il, Théétète, qu’une chose entièrement différente d’une autre ait jamais avec elle quelque propriété commune, et ne nous imaginons pas qu’il s’agisse d’une chose qui soit en partie la même et en partie différente, mais d’une chose différente de tout point ? »

THÉÉTÈTE

En ce cas, il est impossible qu’elle ait quoi que ce soit