Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome V, 1.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
ION

qui qualifie Apollodore d’Athénien, ne dit nullement qu’il fût étranger d’origine, et il a pu exister bien d’autres hommes de ce nom. Phanosthène est nommé par Xénophon[1] comme ayant été envoyé contre Andros à la place de Conon, dans l’hiver de 406/405. Ed. Meyer[2] voit en lui un des Andriens dont parle Andocide[3], à qui Athènes, manquant d’hommes, avait accordé le droit de cité. Le discours d’Andocide est de 399, mais, si Phanosthène était chargé par les Athéniens, en 406/405, d’un commandement militaire, c’est sans doute qu’à cette date il avait déjà acquis le titre de citoyen. La mention d’Héraclide fournit un renseignement plus précis. L’Ἀθηναίων πολιτεία[4] nous apprend que ce personnage fit élever à deux oboles l’indemnité des ecclésiastes athéniens. La mesure doit être placée en 393 au plus tard[5] : Héraclide avait donc, à ce moment-là, reçu le droit de cité, peut-être depuis plusieurs années, vers le début du ive siècle[6]. En rapprochant cette indication de celle que fournit la mention d’Éphèse, on est amené à conclure que la date supposée de l’entretien se place entre 394 et 391[7].

Au reste, la question est d’intérêt secondaire. Ce qui importe davantage, c’est de déterminer la date réelle de l’ouvrage. On a vu[8] comment Schleiermacher la plaçait sans hésiter après celle du Phèdre. Mais il considérait ce dernier dialogue comme une œuvre de jeunesse[9] ; or, cette conception est généralement abandonnée aujourd’hui. Si l’on admettait l’antériorité du Phèdre, il faudrait assigner à l’Ion une date assez basse. Ainsi fait St. G. Stock[10], qui le met, dans l’ordre des temps, après la République, c’est-à-dire, si l’on adopte la chronologie proposée par H. Raeder, après 380. C’est aussi une œuvre de la pleine maturité, contemporaine du Théétète

  1. Helléniques, I, 5, 18-19.
  2. Forschungen, II, p. 174.
  3. Sur les mystères, 149.
  4. XLI, 3.
  5. Kahrstedt dans Pauly-Wissowa, p. 457-8.
  6. Mais pas avant 403 ; cf. Dittenberger, Sylloge I³, 118.
  7. Notons l’anachronisme : Socrate est mort en 399.
  8. Supra, p. 18.
  9. Il le datait de 406.
  10. The Ion of Plato, 1909, p. x-xi.