Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/136

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jurer l’orage. Serez-vous content si je fais en sorte que votre père, à son arrivée, n’entre pas dans la maison, et même s’enfuie loin de chez nous ? (Aux esclaves.) Vous autres seulement rentrez, et enlevez tout cela au plus vite.

PHILOLACHÈS. Où me tiendrai-je ?

TRANION. Où cela vous plaît le mieux, (montrant les deux femmes) avec celle-ci et avec celle-là.

DELPHIUM. Eh bien alors, allons-nous-en.

TRANION. Ne vous éloignez pas, Delphium, et n’en buvez pas pour cela un coup de moins.

PHILOLACHÈS. Hélas ! quelle sera l’issue de ces belles promesses ? j’en sue d’angoisse.

TRANION. Soyez donc en paix et faites ce que je vous dis.

PHILOLACHÈS. Soit.

TRANION. Avant tout, rentrez, Philématie, et vous aussi, Delphium. DELPHIUM. Nous ferons tout ce que vous voudrez.

TRANION. Que le grand Jupiter vous entende ! (Elles rentrent.) Maintenant, écoutez bien ce que je veux qu’on exécute de point en point. D’abord faites fermer la maison ; ayez soin que dans l’intérieur personne ne souffle mot.

PHILOLACHÈS. J’y veillerai.

TRANION. Comme s’il n’y avait là dedans âme qui vive.

PHILOLACHÈS. Bon.

TRANION. Que personne ne réponde, quand le bonhomme frappera à la porte.

PHILOLACHÈS. Est-ce tout ?

TRANION. Faites-moi apporter la grosse clef ; je fermerai en dehors.

PHILOLACHÈS. Je mets sous ta garde ma personne et mes espérances, Tranion. (Il rentre.)

TRANION. Je ne donnerais pas un fétu pour choisir d’avoir auprès de moi un patron ou un client, si c’était un homme qui n’eût pas de hardiesse dans le cœur. Dans un moment d’alerte il est toujours facile au plus fin comme au plus borné de faire des sottises ; mais ce qui exige du coup d’œil, ce qui est le fait d’un habile homme, c’est, quand un plan a été mal formé, une chose mal exécutée, de faire que tout se passe tranquillement et sans accident, d’écarter de soi tout ce qui dégoûte de la vie. C’est de quoi je viendrai à bout ; nous avons mis ici tout en désordre, je ferai que tout paraisse clair et aille en douceur, qu’il n’en résulte pour lui aucun désagrément. (Un esclave sort.)