Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/147

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TRANION. Qu’est-ce qui recommence tous les jours ? Expliquez-vous.

SIMON. Ce que vous faites. Mais, Tranion, à parler franc, c’est fort bien. Il faut traiter les gens à leur mode. Et puis, songeons comme la vie est courte.

TRANION. Ah ! ah ! enfin, je vois que c’est de nous que vous parlez.

SIMON. Sur ma foi, vous coulez vos jours en vrais amateurs ; cela vous va ; vins, viande, poisson, tout excellent, tout de choix, vous savez vivre.

TRANION. Oui, c’était là notre vie d’autrefois : mais maintenant tout est fini.

SIMON. Comment ?

TRANION. Nous sommes tous perdus, Simon.

SIMON. Allons donc ! jusqu’à présent tout vous à réussi à souhait.

TRANION. Comme vous dites, je ne le nie pas. Nous avons mené joyeusement l’existence, selon notre humeur. Mais à présent, Simon, le vent n’enfle plus la voile.

SIMON. Qu’est-ce donc ? comment cela ?

TRANION, Détresse complète.

SIMON. Comment ! un vaisseau si bien entré au port !

TRANION. Hélas !

SIMON. Qu’y a-t-il ?

TRANION. Malheureux ! je suis anéanti.

SIMON. Pourquoi ?

TRANION. Parce qu’il est arrivé un navire qui va briser la coque du nôtre.

SIMON. Je fais des vœux pour toi, Tranion. Mais de quoi s'agit-il ? Parle.

TRANION, Notre maître est revenu de voyage.

SIMON. Alors on va te faire chanter, puis on te chaussera de fer, et de là droit au gibet.

TRANION. Je vous en conjure par vos genoux que j’embrasse, ne me dénoncez pas à mon maître.

SIMON. Ne crains rien, il n’apprendra rien de moi.

TRANION, Cher patron, je vous salue.

SIMON. Je n’ai pas besoin de clients de ton espèce.

TRANION. Maintenant, écoutez pourquoi notre vieux maître m’envoie près de vous.

TRANION. Réponds d’abord à ma question : le vieillard a-t-il déjà eu vent de vos fredaines ?